

- Marseillan cuisine l'invasion : des espèces nuisibles dans nos assiettes
Par Patrick VINCENT - Pour OCCITANIE TRIBUNE et LE PETIT MARSEILLANAIS, le 23 Mars 2025
Marseillan, 34340 — Qui aurait pu imaginer déguster un chutney acidulé à base de griffes de sorcière, une plante invasive étouffant les dunes, À Marseillan, cette expérience gustative insolite est désormais possible grâce au projet VITAL (Valorisation des Invasives par la Transformation Alimentaire Locale), mené par le tiers lieu La Capéchade en partenariat avec l’association ADENA.
De la menace écologique à l’assiette
Face à la prolifération d’espèces invasives dans le bassin de Thau, menaçant la biodiversité, des acteurs locaux ont opté pour une solution audacieuse : les intégrer à la chaîne alimentaire. Cinq espèces ciblées — ragondin, écrevisse de Louisiane, griffe de sorcière, agave d’Amérique et olivier de Bohême — sont transformées en plats innovants lors d’ateliers participatifs.
« L’idée est de valoriser ces espèces au lieu de les incinérer ou de les composter », explique Laura Peignant, coordinatrice du projet. Introduites par l’homme, ces plantes et animaux perturbent les écosystèmes locaux. La griffe de sorcière, par exemple, étouffe la flore indigène et sécrète des biocides via ses racines.
Une démarche collaborative et précautionneuse
Depuis un an, bénévoles, traiteurs, chasseurs et restaurateurs collaborent pour expérimenter des recettes. Les résultats sont prometteurs : un traiteur s’intéresse au ragondin, tandis qu’une confiserie teste le chutney de griffe de sorcière. Cependant, l’équipe reste vigilante : « Le risque est de créer une économie autour de ces espèces, alors que notre objectif est leur éradication », souligne Laura Peignant.
Le projet inclut des protocoles stricts, du prélèvement à la transformation, pour éviter toute contamination ou surexploitation. Des ateliers ouverts au public permettent aussi de sensibiliser les habitants à cette démarche d’économie circulaire.
Un modèle à répliquer ?
Au-delà de Marseillan, VITAL aspire à devenir un exemple de gestion agro-écologique. « Nous voulons créer un système réplicable pour d’autres territoires », précise Laura Peignant. L’enjeu est double : réduire les coûts de gestion des invasives tout en renforçant les circuits alimentaires locaux.
La Capéchade, laboratoire d’une alimentation durable
Ce tiers lieu, niché à Marseillan, incarne cette philosophie. Ateliers culinaires, événements conviviaux et projets collaboratifs y rythment la vie, mêlant habitants et professionnels autour d’une alimentation responsable. « L’objectif est de montrer que chaque geste compte, même dans son assiette », résume un bénévole.
Infos pratiques :
Ateliers de cuisine d’espèces invasives à La Capéchade : programme sur www.lacapechade-marseillan.fr
Projet soutenu par l’ADENA, gestionnaire de la réserve naturelle du Bagnas.
Contact : La Capéchade Projet VITAL : 06 65 96 27 31
et L'ADENA Réserve naturelle nationale du Bagnas
Domaine du Grand Clavelet, Route de Sète, 34300 Agde Tel : 04.67.01.60.23
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