Europe - Séparation : les femmes paient le prix fort, les hommes s'en sortent mieux

 - Séparation : les femmes paient le prix fort, les hommes s'en sortent mieux

- Séparation : les femmes paient le prix fort, les hommes s'en sortent mieux

Par Patrick VINCENT - Pour OCCITANIE TRIBUNE et EUROTRIBUNE sur une étude de Camille Fontès-Rousseau, Hafida Raoui (Insee), le 29 Janvier 2025

 Séparation : les femmes paient le prix fort, les hommes s’en sortent mieux 

 En Occitanie, les femmes subissent une baisse de niveau de vie plus importante que les hommes après une rupture, plongeant nombre d’entre elles dans la précarité.

En Occitanie, chaque année, 3 % des couples décident de se séparer. Mais derrière cette statistique se cache une réalité bien plus sombre pour les femmes. Selon une étude récente de l’Insee, les femmes font face à des difficultés bien plus importantes que les hommes après une rupture, tant sur le plan financier que personnel.

Une chute brutale du niveau de vie

L’année suivant la séparation, le niveau de vie des femmes chute en moyenne de 17 %, soit une perte de 300 € par mois, contre seulement 7 % pour les hommes (120 €). Cette disparité s’explique en grande partie par le fait que les femmes ont souvent des revenus d’activité inférieurs à ceux de leur conjoint avant la séparation. En moyenne, elles contribuent à hauteur de 36 % aux revenus du ménage. De plus, les mères se retrouvent plus souvent avec la garde des enfants, ce qui alourdit leurs dépenses et réduit davantage leur niveau de vie.

La pauvreté frappe plus durement les femmes

Les conséquences financières de la séparation sont lourdes : 26 % des femmes se retrouvent sous le seuil de pauvreté l’année de la rupture, contre 18 % des hommes. Pour beaucoup, la séparation signifie un basculement dans la précarité. Si certaines femmes reprennent une activité professionnelle, celle-ci reste souvent limitée, notamment en raison des difficultés à concilier vie professionnelle et garde d’enfants. Les mères issues des ménages les plus modestes sont particulièrement touchées, avec des revenus d’activité qui restent faibles, souvent issus de temps partiel ou d’emplois précaires.

Un rattrapage incomplet pour les femmes

Deux ans après la séparation, les hommes retrouvent quasiment leur niveau de vie initial, tandis que les femmes restent en dessous de leur niveau de vie d’avant la rupture (-9 %). Cet écart persistant s’explique par plusieurs facteurs : les femmes se remettent moins souvent en couple que les hommes, surtout lorsqu’elles ont des enfants à charge. De plus, les écarts de revenus d’activité entre hommes et femmes perdurent, et les pensions alimentaires versées par les pères ne compensent que très partiellement les pertes financières.

Les femmes déménagent plus souvent

La séparation entraîne également des changements importants dans les conditions de logement. Près de la moitié des personnes séparées déménagent, les femmes plus souvent que les hommes (54 % contre 48 %). La part des propriétaires chute de 12 points l’année de la séparation, passant de 51 % à 39 %. Les femmes perdent plus souvent la propriété de leur résidence principale que les hommes, et se tournent davantage vers le parc locatif social, notamment lorsqu’elles élèvent seules leurs enfants.

Une redistribution insuffisante

Malgré les mécanismes de redistribution (prestations sociales, pensions alimentaires), la baisse du niveau de vie reste marquée pour les femmes, en particulier celles issues des ménages les plus modestes. Leur niveau de vie médian avant séparation était déjà inférieur au seuil de pauvreté (1 040 €), et il continue de baisser après la rupture, s’établissant à 1 010 € mensuels.

La séparation est un moment difficile pour tous, mais les femmes en paient le prix fort. Entre baisse de niveau de vie, précarité accrue et difficultés à concilier vie professionnelle et familiale, elles doivent faire face à des défis bien plus importants que les hommes. Deux ans après la rupture, les hommes ont quasiment retrouvé leur niveau de vie initial, tandis que les femmes peinent à se relever. Une situation qui soulève des questions sur les inégalités persistantes entre les sexes, même après la fin d’une union.

Étude approfondie : Les inégalités persistantes après la séparation

L’étude de l’Insee révèle que les inégalités entre hommes et femmes persistent et s’accentuent après une séparation. Les femmes, en particulier celles issues des ménages les plus modestes, sont confrontées à des défis supplémentaires qui les empêchent de retrouver leur niveau de vie initial. Les mécanismes de redistribution, bien que présents, ne suffisent pas à compenser les pertes financières subies.

Les femmes et le retour à l’emploi

Le retour à l’emploi est souvent compliqué pour les femmes, surtout celles qui ont la garde des enfants. Les contraintes liées à l’éducation des enfants et les coûts de garde rendent difficile la reprise d’une activité professionnelle à temps plein. De plus, les femmes issues des ménages les plus modestes sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires et à temps partiel, ce qui limite leurs revenus et leur capacité à améliorer leur niveau de vie.

Les différences selon le type de séparation

L’étude montre également que le type de séparation influence l’impact financier. Les femmes divorcées subissent une baisse de niveau de vie plus importante (-24 %) que celles qui vivent une rupture d’union libre (-11 %). Cela s’explique en partie par le fait que les couples mariés sont souvent plus âgés et que les femmes se sont plus souvent éloignées du marché du travail pour s’occuper des enfants.

Les politiques publiques à revoir

Ces résultats soulignent la nécessité de revoir les politiques publiques pour mieux soutenir les femmes après une séparation. Des mesures telles que l’augmentation des pensions alimentaires, l’amélioration de l’accès aux logements sociaux et le soutien à la reprise d’emploi pourraient aider à réduire les inégalités et à offrir aux femmes une meilleure chance de retrouver leur stabilité financière.

Camille Fontès-Rousseau, Hafida Raoui (Insee)

 

Patrick VINCENT - Pour OCCITANIE TRIBUNE et EUROTRIBUNE sur une étude de Camille Fontès-Rousseau, Hafida Raoui (Insee) (29-01-25)

 

 

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