- Gauss Fusion obtient 10 millions d'euros pour le développement de la filière tritium
Par Caroline Hoffmann, le 10 Décembre 2024
La Greentech Gauss Fusion, récemment implantée à Mérignac où elle développe notamment un centre d’excellence sur le cycle de combustion du tritium, a obtenu un financement de dix millions d'euros du ministère fédéral de l'éducation et de la recherche allemand (BMBF).
En collaboration avec des partenaires industriels et scientifiques clés, Gauss Fusion utilisera ce financement pour poursuivre le développement de technologies évolutives de production de tritium et d'optimisation du cycle fermé du combustible de fusion. Ces innovations constituent des étapes cruciales vers la réalisation de l'énergie de fusion.
Parmi les différentes technologies nécessaires à l'énergie de fusion, la production et la manipulation du tritium sont celles dont le niveau de maturité technologique est le plus bas. Le tritium est l'un des deux isotopes de l'hydrogène utilisés dans les centrales à fusion. Il doit être produit artificiellement par la centrale elle-même, ce qui représente un défi de taille pour l'énergie de fusion à grande échelle.
Gauss Fusion et ses partenaires s'attaquent à ce problème en mettant au point des modules de couverture tritigènes permettant la production du tritium par l’interaction des neutrons avec du lithium. La solution est à la fois reproductible en masse et recyclable, adaptable à de multiples concepts de centrales de fusion, y compris la centrale GAUSS GIGA, future centrale à fusion de Gauss Fusion. Cet effort vise à établir la première centrale de fusion en Europe d'ici le début des années 2040, marquant ainsi une étape importante vers une énergie de fusion durable et à grande échelle.
Une sélection innovante du tritium pour une fusion durable
Gauss Fusion, fondée par des entreprises leaders de l'industrie de la fusion, coopère également avec des institutions prestigieuses telles que le Karlsruhe Institute of Technology (KIT) et le Forschungszentrum Jülich (FZJ) pour développer un modèle de pointe du cycle du combustible au tritium d'un stellarateur. Ce modèle comprend des diagnostics détaillés de la rétention du tritium dans les matériaux du réacteur, qui fourniront des informations essentielles sur la quantité de tritium présente tout au long du cycle du combustible. Les résultats permettront de développer les systèmes essentiels pour la production et la gestion du tritium.
En outre, Gauss Fusion travaillera avec l’entreprise Kyoto Fusioneering pour appliquer un outil avancé de mesure de la quantité de tritium dans le cycle du combustible afin de s'assurer que les exigences en matière de sécurité et de réglementation seront respectées au sein de la future centrale électrique GAUSS GIGA. Cette approche globale, qui combine l'expertise industrielle, l'innovation scientifique et le soutien des pouvoirs publics, place Gauss Fusion en première ligne pour développer des solutions d'énergie de fusion économiquement viables et évolutives.
« Nous sommes incroyablement fiers de franchir cette nouvelle étape cruciale vers la réalisation du futur de l'énergie », a déclaré Milena Roveda, PDG de Gauss Fusion. « Avec ce projet, nous ne nous contentons pas de relever l'un des plus grands défis de l'énergie de fusion - la production et la gestion du tritium - mais nous développons également les bases d'une solution énergétique durable et évolutive. Le soutien du BMBF nous permettra d'accélérer nos travaux et de faire en sorte que l'énergie de fusion devienne une réalité en Europe. »
Un partenariat fort pour établir les normes réglementaires et de sécurité
Les travaux de Gauss Fusion sur les couvertures tritigènes et le cycle du combustible représentent un effort pionnier dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne les centrales à fusion de type tokamak et stellarateur. Les partenariats stratégiques avec les entreprises privées, les institutions publiques et les organismes de recherche seront essentiels pour faire progresser ces technologies vers la viabilité commerciale.
Frédérick Bordry, directeur technique de Gauss Fusion, a déclaré : « La production et la gestion du tritium représentent des défis majeurs pour le développement de l’énergie de fusion. Bien que des avancées aient été réalisées dans le cadre de recherches menées par des instituts publics, il est désormais impératif d’adopter une approche intégrée, alliant expertise industrielle et viabilité technologique, pour maîtriser l’ensemble du cycle du tritium. Nous sommes honorés et fiers de collaborer avec des institutions et des entreprises de premier plan, dans le but de devenir un acteur de référence dans ce domaine stratégique ».
« La coopération entre les laboratoires de recherche et l'industrie fera passer la fusion du niveau scientifique au niveau technologique. Le Forschungszentrum Jülich se félicite de l'initiative de Gauss Fusion de mener une approche industrielle vers l'électricité de fusion - un rêve pour lequel les scientifiques et les ingénieurs avancent dans leurs recherches depuis des décennies. Lancé par l'initiative « Fusion 2040 » du BMBF, le transfert des connaissances scientifiques vers le savoir-faire industriel est imminent à l'échelle d'un réacteur », ajoute le professeur Christian Linsmeier, directeur de l'IFN-1, Physique des plasmas, Forschungszentrum Jülich.
« Dans le cadre du partenariat public-privé, nous sommes heureux de collaborer avec Gauss Fusion au développement d'un cycle du combustible dédié à la centrale électrique GAUSS GIGA stellarateur, y compris les composants les plus importants. Nous soutiendrons Gauss Fusion dans la maturation des technologies les plus importantes en réalisant des expériences dédiées ou en développant les capacités expérimentales requises », a déclaré Thomas Giegerich, chef de l'unité ITEP Technologie du vide et du cycle du combustible (ITEP-VAK), chef du projet EUROfusion Tritium-Fuelling-Vacuum (TFV), Karlsruher Institut für Technologie.
Crédit photo : @Gauss Fusion
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