Europe - Qui est le nouveau maître de Syrie : Abou Mohammed al-Joulani ?

Qui est le nouveau maître de Syrie : Abou Mohammed al-Joulani ?

Dans le contexte chaotique de la guerre civile syrienne, une figure a émergé sur la scène politique et militaire : Abou Mohammed al-Joulani. Leader du groupe armé Hayat Tahrir al-Cham (HTS), al-Joulani est devenu un acteur clé dans le nord-ouest de la Syrie, suscitant à la fois des espoirs et des craintes quant à l'avenir de la région.

Originaire de la province d’Idlib, al-Joulani a d’abord été formé dans les rangs d'al-Qaïda en Irak avant de revenir en Syrie pour participer à la lutte contre le régime de Bachar el-Assad. En 2015, il a pris la tête du Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda, avant de dissocier son groupe d'al-Qaïda en 2016 et de renommer celui-ci Hayat Tahrir al-Cham. Cette décision stratégique visait à élargir son soutien et à se présenter comme un acteur plus local et moins lié à des organisations terroristes au regard de la communauté internationale.

Sous sa direction, HTS a réussi à établir un contrôle dominant sur la province d’Idlib, le dernier bastion rebelle en Syrie. En prenant le pouvoir, al-Joulani a mis en place une administration qui, bien que critiquée pour ses méthodes autoritaires, a également permis d’apporter une certaine forme de gouvernance et de services à une population épuisée par des années de conflit. Cela lui a permis de gagner une légitimité auprès de certains Syriens qui voient en lui un leader capable de défendre leurs intérêts face aux menaces extérieures.

Cependant, son ascension ne vient pas sans critiques. Les méthodes brutales de HTS, notamment la répression des opposants et les violations des droits de l'homme, ainsi que ses liens passé avec al-Qaïda, suscitent des inquiétudes parmi les observateurs. Pour beaucoup, al-Joulani représente une continuité des dynamiques violentes qui ont prévalu en Syrie, et son pouvoir pourrait intensifier les tensions entre les différentes factions qui composent l’opposition.

Sur le plan international, la position d'al-Joulani est délicate. Alors qu'il cherche à obtenir une reconnaissance et un soutien, il fait face à un dilemme : comment maintenir son autorité tout en tentant de s'éloigner de l'étiquette de groupe terroriste ? Alors que certains pays, notamment la Turquie, pourraient voir en lui un partenaire dans la lutte contre l'influence kurde ou le régime d'el-Assad, d'autres pays, en revanche, pourraient s'opposer à tout soutien étant donné son passé.

L'avenir d'al-Joulani et de son groupe reste incertain dans un contexte où les fronts de la guerre continuent d'évoluer et où les alliances se modifient rapidement. Sa capacité à consolider son pouvoir tout en répondant aux aspirations des Syriens pourrait déterminer non seulement son avenir personnel, mais aussi l'orientation future de la Syrie post-conflit.

 Abou Mohammed al-Joulani est devenu un acteur incontournable du paysage syrien, incarnant à la fois l'espoir d'une gouvernance stable pour certains et la menace d'une radicalisation persistante pour d'autres. Sa montée en puissance pose des questions importantes sur l'avenir de la Syrie et sur le rôle des acteurs locaux dans la recherche d'une résolution durable au conflit.