Littéraires - Histoires extraordinaires de l'art à l'hôtel Drouot De Vermeer à Louise Bourgeois - Judith Benhamou

On oublie souvent qu’au XIXe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, Paris était l’épicentre planétaire de la vie artistique. Le coeur battant du négoce de tableaux se situait alors à l’hôtel Drouot et dans ses diverses annexes, à la fois caverne d’Ali Baba de la création ancienne et moderne et lieu de brassage social hors du commun. On y vendait de la peinture contemporaine, des Degas, des Picasso et autres Picabia. On y tirait des maîtres anciens de l’oubli, comme ce fut le cas pour Vermeer. On y croisait dans un brassage turbulent, non seulement des visionnaires de l’art, mais aussi des filles à marier, des demi-mondaines ou des petits marchands. On y manipulait sans vergogne les cotations, nouant ainsi le destin de maîtres qui appartiennent aujourd’hui à la postérité.
À travers dix récits extraordinaires, Judith Benhamou dévoile des pans méconnus de l’art et du marché de l’art. Nombreux sont les grands personnages dont la trajectoire est passée par Drouot : d’Antoine van Dyck à Louise Bourgeois, d’Eugène Delacroix à Vincent van Gogh, de Paul Eluard à Marcel Duchamp, cet ouvrage propose un voyage sans tabous au pays des petites histoires de la grande histoire de l’art, illustré de chefs-d’œuvre qui ont un jour été proposés à l’encan dans les salles rouges de l’hôtel des ventes.

Auteure:

Journaliste spécialiste de l’art et commissaire d’exposition, Judith Benhamou écrit régulièrement sur l’art et le marché de l’art aux Échos. Elle a créé un site en langue anglaise, Judith Benhamou Reports (judithbenhamouhuet.com), qui traite de l’actualité artistique internationale. En 2022, elle a assuré le commissariat, au musée Guggenheim Bilbao, de l’exposition Serra/Seurat. Drawings et en 2018, au Mucem de Marseille, de l’exposition Ai Weiwei, Fan-Tan. Elle est également l’autrice de plusieurs ouvrages, dont Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe (Bernard Grasset, 2014).

À propos de Drouot

Composé de plusieurs filiales, le Groupe Drouot est un acteur incontournable du marché de l’art. L’Hôtel Drouot, situé au cœur de Paris, est la plus grande place de ventes aux enchères publiques au monde, depuis 1852. 15 salles de ventes sont proposées à plus de 70 maisons de ventes qui ont organisé près de 500 ventes au cours du premier semestre 2023 pour un produit total de 206.8 M€. La plateforme digitale du Groupe, Drouot.com, est la première marketplace d’Europe continentale pour les enchères d’Objets d’Art et de Collection. Drouot.com a retransmis 3915 ventes Live (retransmission et participation aux enchères en direct) et ventes Online-only (ventes aux enchères dématérialisées) pour un produit total de vente de 182 M€. Les 690 maisons de ventes qui ont publié des ventes sur la plateforme ont proposé plus de 1.6 millions d’objets.
L’actualité des enchères est relayée chaque semaine par La Gazette Drouot, l’hebdomadaire de référence du marché de l’art et du patrimoine édité par Auctionspress.

Sommaire

INTRODUCTION
Plonger dans l’histoire de l’art à l’hôtel Drouot -  7

1 -  Théophile Thoré-BÜrger
Le génial redécouvreur de Vermeer et propriétaire du Chardonneret - 11

2 -  L’hypermodernité d’Edgar Degas révélée aux enchères après sa mort - 25

3 - Les horribles Goncourt
Deux frères atteints par la grâce de l’art japonais et pardonnés par la postérité - 45

4 - Paul Durand-Ruel
L’inventeur du marché de l’art moderne -  67

5 - Pour Van Gogh, l’hôtel Drouot est un champ de découvertes picturales - 87

6 - Jacques Doucet
Le couturier et serial-collectionneur qui fut le premier propriétaire des Demoiselles d’Avignon - 103

7 L’opération « La peau de l’ours » ou les grands débuts de la spéculation dans l’art moderne - 135

8 - Marcel Duchamp & Francis Picabia
Le couple idéal du marché de l’art - 157

9 - Paul Éluard & André Breton
La courbe de tes yeux et le cours de mes statues: quand les poètes spéculaient sur les arts premiers - 175

10 - Louise Bourgeois
« L’hôtel Drouot est un monde à lui tout seul » - 197

Plonger dans l’histoire de l’art à l’hôtel Drouot

En matière d’art, il importe aussi de raconter des histoires. Des histoires vraies, bien sûr.
Des récits marqués au coin de la vérité.
Les petites anecdotes, les détails biographiques, les accidents de parcours qui rythment la vie des tableaux, les sautes d’humeur des artistes, tout cela nourrit l’immense flux d’imagination attaché aux œuvres.
Dès lors, nous les regardons autrement.
En écrivant pendant plus de trente ans les chroniques de l’art et du marché de l’art, il m’est ainsi arrivé de croiser ces histoires fabuleuses de passionnés, de collectionneurs fous, de spéculateurs, d’amasseurs de beauté et de souvenirs, de grands défenseurs d’un nouveau goût ou de pourfendeurs de la modernité.
Au cours de mes lectures, je rencontrais souvent un nom hérité de celui d’une rue, lui-même inspiré d’un patronyme, celui d’un général de division d’artillerie français tout à fait oublié: Antoine Drouot (1774-1847).
Aujourd’hui, on dit «Drouot» pour «hôtel Drouot» et on oublie généralement que cette institution des ventes aux enchères, qui rassemble les commissaires-priseurs en un lieu unique, a été pendant longtemps l’épicentre des transactions mondiales, tant en matière d’art ancien que d’art moderne. Avec le temps et les circonstances, il est arrivé que l’hôtel des ventes et les ventes elles mêmes changent d’emplacement, transportés tantôt dans une galerie, tantôt dans un palais et même dans une gare. Mais c’est à l’hôtel Drouot, inauguré en 1852, que se sont tenues les premières ventes monographiques d’artistes contemporains et des sessions d’enchères consacrées à des successions historiques, comme celle d’Edgar Degas, le peintre qui n’aimait pas vendre.

C’est là que l’art asiatique et l’art «tribal» ont vu leurs marchés structurés. C’est là encore que le xviiie siècle des rois Louis est redevenu à la mode et a été disputé par les fortunes grecques ou américaines. C’est dans ces lieux que, grâce à un petit historien à l’esprit révolutionnaire et à l’œil clairvoyant, l’immense Vermeer a été vendu aux grands musées du monde. C’est par Drouot que le théoricien du surréalisme André Breton, qui résidait non loin, 42 rue Fontaine, aimait faire des détours pour chiner des objets curieux. Son complice d’un temps, Marcel Duchamp, l’inventeur de l’art conceptuel, abreuvait lui-même la source Drouot de ses initiatives originales, telles que la vente des tableaux de l’imprévisible Francis Picabia. Auparavant, Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes, en avait fait le champ de toutes ses conquêtes. L’une des plus grandes artistes du xxe siècle, Louise Bourgeois, voyait en Drouot une véritable caverne d’Ali Baba qui la fit rêver jusque très tard dans sa vie, lorsqu’elle fut devenue une New-Yorkaise à part entière.
L’hôtel Drouot a ainsi été le repaire des plus grands talents du commerce de l’art, des grands noms de la modernité, des Cousins Pons de la collection, mais aussi des petits gredins du bibelot et des mondains ou demimondaines qui venaient s’y promener comme on irait aux courses ou avenue du Bois. Voici quelques récits choisis parmi le monceau d’histoires extraordinaires que recèle cette institution unique au monde.

Editeur : Flammarion

Nombre de pages : 208 pages

Prix : 35,00 euros

Parution le 18 octobre 2023