- Apparition du variant Omicron : les ONG dénoncent la culpabilité des pays riches.
Par Oxfam France - Médecins du Monde- Action Santé mondiale - ONE - Sidaction, le 29 Novembre 2021
Apparition du variant Omicron : les ONG dénoncent la culpabilité des pays riches.
En bloquant les négociations sur la levée des brevets, les pays riches privent le reste du monde d’accès aux vaccins anti-Covid
Un scénario annoncé depuis des mois par la société civile.
Alors que les ministres de la Santé du G7 se réunissent en urgence à Londres au sujet de l’émergence du variant Omicron, les ONG dénoncent la responsabilité des pays riches qui s’apprêtaient à bloquer les négociations sur la levée des barrières liées à la propriété intellectuelle à la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), reportée in extremis à cause des mesures de restrictions de circulation touchant l’Afrique Australe.
Malgré les alertes répétées de la société civile et de la communauté scientifique, le scénario que nous craignions se confirme aujourd'hui. Les mesures nécessaires n'ont pas été prises pour rendre le vaccin accessible au plus grand nombre. Alors que seulement 3% des populations des pays les plus pauvres sont vaccinées près d’un an après le développement des premiers vaccins anti-Covid, la pandémie ne pouvait que reprendre avec force. L’apparition d’un nouveau variant n’a aussi rien de surprenant.
“C’est la semaine de la honte pour les pays riches, dont la France. Ils ont empêché les pays en développement de pouvoir se défendre contre le virus et protéger leurs populations. Maintenant ce sont les pays africains qui vont payer l’hypocrisie des pays européens qui prononcent de beaux discours sur le vaccin comme “bien public mondial” mais qui en réalité protègent les monopoles des laboratoires pharmaceutiques. Combien de nouvelles vagues, de nouveaux variants, et de reconfinements pour que les dirigeants passent à l’action?” déclare Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.
“Ce qui se passe actuellement est le résultat de l'incapacité de la communauté internationale à vacciner l'ensemble de la planète. C'est le résultat d’un manque de solidarité inacceptable et d'un choix délibéré des pays riches, dont la France, de bloquer par dogmatisme une réponse ambitieuse sur la levée des brevets à l'OMC” déclare Gautier Centlivre, responsable du plaidoyer pour Action Santé mondiale.
« Alors qu’une troisième dose est préconisée en France, une grande majorité de la population mondiale issue des pays en développement n’a pas accès au vaccin. Face à la recrudescence de l’épidémie et la montée du variant Omicron, nous ne pouvons continuer de fermer les yeux sur ces inégalités vaccinales criantes sous prétexte de préserver les intérêts du privé», s’indigne Dr Carine Rolland, présidente de Médecins du Monde.
Les ONG appellent la France à respecter son engagement en faveur de la levée desbrevets.
Alors que le Président Emmanuel Macron s’était engagé face aux ONG en juin dernier à soutenir la demande portée à l’OMC par l’Inde et l’Afrique du Sud et une centaine de pays sur la levée temporaire des barrières liées à la propriété intellectuelle le temps de vaincre la pandémie du Covid19, depuis la France s’est rallié à la proposition de la Commission européenne. Cette contre-proposition vise à bloquer les négociations, manque d’efficacité et d’ambition, et défend les intérêts de quelques laboratoires pharmaceutiques.
“La France n’a pas joué le rôle qu’on aurait attendu d’elle pour convaincre ses homologues des pays riches de soutenir la demande des pays en développement de lever les barrières liées à la propriété intellectuelle, obstacle à l’augmentation massive de la production des vaccins. Au contraire, elle soutient la contre-proposition de la Commission européenne, fervente défenseuse des monopoles de laboratoires pharmaceutiques” déclare Camille Spire, présidente de AIDES.
“Ne plus soutenir cette mesure impérative dans de telles circonstances est une erreur dramatique qui creusera encore plus les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, et compromet grandement la gestion de cette crise se traduisant par des morts supplémentaires pourtant évitable”, déclare Serge Breysse, directeur général de Solthis.
«Ce nouveau variant doit servir de signal d'alarme pour les gouvernements du monde entier. Il n’est plus possible d'entretenir l'idée dangereuse qu'un pays ou un continent peut lutter contre la pandémie sur son territoire sans se préoccuper du reste du monde. Le seul moyen de sortir de cette crise mondiale est de veiller à ce que les vaccins parviennent aux populations des pays pauvres aussi rapidement que possible» déclare Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de ONE.
“40 ans d’épidémie de sida et plus de 36 millions de morts n’auront donc pas suffi à nos gouvernements pour tirer les leçons des conséquences meurtrières de l’opposition à la levée des brevets. Combien de morts encore ?” demande Florence Thune, directrice générale de Sidaction
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