Europe - Des morts, des morts et encore des morts : le bilan dramatique de la chasse en France
Jessica Lefèvre-Grave ONE VOICE
Des morts, des morts et encore des morts : le bilan dramatique de la chasse en France
45 millions d’animaux tués, 78 accidents et 6 morts humaines. Voilà le bilan de la chasse pour la saison 2022-2023. Année après année, le constat est le même : ce loisir tue, et les pouvoirs publics sont décidés à ne rien faire. Alors que la biodiversité s’effondre sous nos yeux, que la nature est privatisée par un petit groupe d’individus armés, l’heure n’est plus aux mesurettes, mais à une réforme radicale de la chasse, comme le réclame One Voice !
Le 2 décembre 2020, Morgan Keane, 25 ans, était tué d’une balle tandis qu’il coupait du bois sur son terrain. Alors que cet homicide involontaire aurait pu rester cantonné à la page des faits divers, la ténacité des proches du jeune homme a permis la condamnation du tireur et du directeur de battue, dans un procès dont faisait partie One Voice en soutien. Mais pour une condamnation, combien d’affaires sont enterrées ? Loin d’être anecdotique, ce drame est symptomatique d’une activité mortelle pour les humains, les animaux et la nature, et révèle l’absence totale de volonté des pouvoirs publics de s’opposer à des individus qui imposent leurs règles à tous les autres.
La chasse, ce loisir équivoque qui sème la mort
Chaque année, près de 45 millions d’animaux sauvages sont tués de sang-froid. Plus que jamais, ils sont assaillis de toute part, des battues administratives à répétition aux dérogations pour pouvoir déterrer les blaireaux en dehors de la saison de chasse, en passant par le classement « ESOD » permettant de tuer de nombreuses espèces toute l’année et sans restrictions... Et n’oublions pas les animaux familiers, victimes de tous les pièges qui jonchent le sol de nos campagnes, et parfois tués sous les yeux de leurs humains pour avoir perturbé des chasseurs dans l’accomplissement de leur sanglant passe-temps.
Les animaux ne sont pas les seules victimes : six personnes ont perdu la vie cette année. Du côté des représentants du monde cynégétique, on affiche une étrange satisfaction et on se félicite de ces six morts, pourtant tous chasseurs… Ces décès s’ajoutent aux dizaines qui ont défrayé la chronique ces dernières années, du cycliste britannique tué en Haute-Savoie à cette randonneuse de 25 ans victime d'une jeune femme de 17 ans, ou encore à Joël Viard, abattu d’une balle alors qu’il conduisait sa voiture.
Tant de vies volées pour qu’une poignée d’individus puissent s’amuser à tuer !
Mesurettes et rafistolage : à quoi joue le gouvernement ?
Face à cette situation catastrophique, nous avions espéré un début d’évolution, après notre audition par la mission sénatoriale sur la sécurisation de la chasse et le succès de la pétition lancée par le collectif Un Jour Un Chasseur. Mais le gouvernement, une fois de plus, a joué la montre et proposé des mesurettes, bien en deçà de ce qu’on attend de lui pour faire face à l’ampleur du désastre.
Aujourd’hui, la formation des chasseurs est un véritable simulacre, comme l’avait révélé notre enquête au niveau du passage du permis, et ces derniers continuent de tout faire pour lutter contre des propositions de bon sens pour limiter, voire éradiquer les risques de morts humaines, comme le contrôle annuel de la vision, ou l’interdiction de la chasse le week-end et pendant les vacances scolaires. Et le gouvernement ose présenter comme une avancée la limitation de l’alcoolémie, qui devrait être en vigueur depuis des dizaines d’années !
Un lobby qui honnit l’écologie…
Le refus de s’attaquer frontalement aux carences en matière de sécurité est une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de la toute-puissance de ce lobby qui a toutes les faveurs du chef de l’État, lequel avait fièrement posé devant un tableau de chasse à Chambord pour son quarantième anniversaire. Difficile d’être étonné quand Thierry Coste lui-même reconnaît pratiquer « un lobbying effréné, assumé […] sans la moindre retenue ». Et que dire de ces représentants des chasseurs, oscillant entre climato-scepticisme (depuis longtemps et réitérant leurs thèses douteuses encore très récemment par l’intermédiaire de Willy Schraen, président actuel de la Fédération nationale des chasseurs) et excitation à l’idée de tuer des animaux (pour son prédécesseur) ? Ils disposent même d’une tribune permanente pour déverser leur idéologie mortifère…
Alors que 87 % des Français considèrent que la chasse pose des problèmes de sécurité (sondage IPSOS/One Voice, septembre 2022), comme en attestent les morts dénombrés chaque année, il est grand temps de s’attaquer aux causes de ce danger mortel, et d’exiger encore et toujours en urgence une réforme radicale de la chasse !
Jessica Lefèvre-Grave ONE VOICE (31-08-23)
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